Exposition

Présentation Sectorielle De L’Exposition

L’Agriculture

Qu’ils soient purement cultivateurs ou pêcheurs, éleveurs de bétail ou artisans, tous les habitants des campagnes s’adonnent obligatoirement à l’agriculture qui leur fournit des produits essentiels, indispensables à leur alimentation.

Différents outils sont utilisés pour les diverses cultures agricoles ; certains d’entre eux ont conservé la même forme et le même emploi depuis la période néolithique, soit depuis près de 10000 ans !

Outils pour préparer et ameublir la terre

Avant de pouvoir cultiver, il est indispensable de défricher l’environnement naturel. Les outils les plus courants sont les haches et les scies pour les arbres, et les différentes pioches, bêches et serpes pour les maquis et les broussailles.

Une fois dégagé le sol à cultiver, il faut obligatoirement le reconstituer avant de l’ensemencer ou de le planter. Il existe pour ce faire toute une variété d’outils manuels, de la bêche au sarcloir . Cependant, lorsque la surface à cultiver est étendue, l’utilisation d’une charrue actionnée par des bêtes de trait s’impose, afin d’accélérer la procédure et de permettre la reconstitution du sol à une plus grande profondeur.

 

 

Labourage

Dans toute la Crète domine la charrue d’Hésiode, en bois, avec une extrémité métallique ajoutée sur la planche principale de labour. Elle a été utilisée depuis des temps immémoriaux jusqu’aux années 50, où elle a été abandonnée.

Dès la fin du XIXe s., trois formes de charrues métalliques alors fabriquées en Grèce continentale ont commencé à être importées en Crète. Leur nombre allait considérablement augmenter après la Libération de l’île en 1898.

La forme la plus simple est la charrue dite bi-soc ; c’est une imitation, de petites dimensions, de la charrue en bois.

La deuxième (charrue mono-soc ), comporte sur sa partie droite un soc large, haut et stable, pour les labours en profondeur sur de bons sols.

La troisième présente elle aussi un grand soc qui, pivotant cependant autour d’un axe, peut être placé du côté gauche ou du côté droit : d’où son nom de charrue réversible .

 

Outils servant à labourer

En Crète, la charrue en bois est tirée uniquement par deux vaches attelées par le cou au moyen d’un grand joug (zygos). Le joug porte à ses deux extrémités des trous qui reçoivent les attèles (zevlès), tiges de bois ou de métal, en forme de U.

Un long bâton, l’ aiguillon (voukendri), armé d’une pointe à l’une de ses extrémités et, à l’autre, d’une lame métallique, est utilisé pour accélérer l’allure des vaches et ôter la terre boueuse des socs de la charrue.

Les charrues métalliques, de petites dimensions et relativement légères, sont d’habitude tirées par un âne ou, plus rarement, par un mulet, attelé au moyen d’un petit joug en bois ou en métal, qui est relié par de fines chaînes au kassos, épais collier de cuir porté par les bêtes de trait.

 

 

Les Semailles Et L’Ensemencement

Les semailles de céréales et d’autres grains se font avant les labours, dans un champ qui à l’automne peut être envahi par des herbes sauvages. Malgré cela, la charrue, grâce à ses socs, recouvre de terre la plus grande partie des graines, qui pousseront dans un intervalle de 10 à 15 jours.

Après les semailles et le labourage prennent place le nivellement des mottes de terre et le meilleur remblaiement des graines avec le hersage. Pour ce faire, on utilise différents types de herses (notamment la xyloporta ou la svarna), lourds bâtis de bois dur, munis de dents métalliques dans leur partie inférieure. Les outils employés pour niveler le sol labouré sont tractés par une seule bête, tandis que le cultivateur se tient assis ou debout sur la herse, afin d’augmenter la pression exercée par l’instrument.

La récolte des plantes à fruits : la moisson

Lorsque les fruits des céréales (blé, lentilles, haricots, petits pois etc.) ont mûri et se sont desséchés, ils sont moissonnés en Crète au moyen d’une faucille spéciale pourvue d’une lame relativement courte et épaisse, qui se fixe sur une monture longue et lourde. Cette faucille brise les épis et les autres tiges, sans les couper. Ce choix s’est fait parce que dans des pays chauds et fertiles, les tiges des plantes sont particulièrement dures et résistantes. En Europe du Nord-ouest, les faucilles ont une lame fine et allongée, car en raison des pluies abondantes et du climat tempéré, les tiges des plantes sont minces et se coupent aisément.

 

 

Le Battage

Il existe de nombreux outils pour séparer le grain de l’écorce qui l’entoure, ou de la tige, selon l’espèce végétale ou les particularités locales.

Les épis des céréales sont placés sur l’aire de battage, grande construction plate, de forme circulaire, située dans un endroit élevé, de manière à être exposée facilement aux courants d’air. C’est là que les tiges sont séparées des grains, au moyen d’un puissant «traîneau» à deux planches, qui porte sur sa face inférieure des pointes de silex destinées à briser les tiges et l’enveloppe des grains. Ce traîneau est en général tiré par deux vaches. Il s’appelle en Crète volossyros et son existence doit remonter à l’époque néolithique, compte tenu du matériel en pierre taillée qu’il utilise. En Europe occidentale, il est connu sous le nom latin de tribulum.

Un autre traîneau léger pour le battage, dit alonistra, porte sur sa surface inférieure trois gros cylindres rotatifs, chacun d’eux muni de six couronnes pointues qui séparent les grains des tiges. Utilisé en Crète occidentale, cet ustensile fut également observé en Égypte, à la fin du XVIIIe s., par des savants accompagnant Napoléon Bonaparte.

Les fruits des papilionacées telles que lentilles, pois chiches, haricots etc., sont séparés sur l’aire avec le battoir (kopanos), lourd outil en bois, aplati, court et actionné à la main.

 

Le Vannage (Séparation Des Grains Des Restes Du Battage)

Trois outils, actionnés à la main, aidaient à cette procédure :

* Le thrinaki était une fourche en bois, avec laquelle on lançait en l’air les céréales battues, dès qu’un vent fort venait à souffler. Le grain, plus lourd, retombait immédiatement, tandis que l’air entraînait les pailles brisées.

* La palami, pelle en bois, servait à ramasser le grain au milieu de l’aire pour le mettre en sac.

* Les tamis, munis de trous de calibres différents en fonction des grains, contribuaient, en particulier pour les légumes secs, au tri final.

 

La transformation des grains en farine

Il est indispensable de transformer certains grains en farine, afin de fabriquer notamment du pain et des feuilles de pâte.

Le moulin manuel (chiromylos) se compose de deux pierres rondes; celle du dessus, actionnée à la main, tourne pour moudre les grains. C’est l’un des ustensiles les plus anciens de l’époque néolithique, destiné à broyer les grains de blé, d’orge etc.

Jusqu’à une date récente, le moulin manuel figurait dans toutes les maisons paysannes de Crète, comme ustensile d’appoint pour fabriquer immédiatement de la farine.

Le moulin à eau (néromylos) dispose d’un mécanisme que les ingénieurs grecs d’Alexandrie découvrirent il y a environ 2000 ans, et qui se propagea ensuite progressivement dans tous les pays méditerranéens, en Europe du nord et de la Russie jusqu’au Caucase. Ce mécanisme se compose de deux grosses meules; celle du dessus tourne grâce à un axe pourvu d’une roue à pales, horizontale ou verticale à rayons, actionnée par la force de l’eau.

Le moulin à vent est utilisé là où les ressources en eau font défaut. Son mécanisme est le même que celui du moulin à eau, mais la force motrice de la roue est celle du vent.

Ces deux formes de moulin ont un fort rendement et se rencontrent dans toute la Crète. Les familles de l’île avaient coutume de moudre le grain pour le pain (2/3 d’orge, 1/3 de blé) une fois par mois. On façonnait de grosses miches pour les besoins d’un mois, on les coupait en tranches et on les transformait en biscottes (ou paximadia) qui se conservaient assez longtemps.